Suite de mes aventures: trouver sa place

Publié le par rosebud

Au point le plus avancé de l'anorexie, je me suis rendue compte que certaines personnes s'inquiétaient pour moi. Sans parler de ma famille, les professeurs également n'avaient plus le même regard envers moi, ils se concertaient entre eux et faisaient part de leurs inquiétudes aux autres élèves de la classe. Pendant un moment cela me plaisait: enfin, on faisait attention à moi! Je voulais qu'on me considère en tant que modèle de courage, de sainteté presque, de par mes résultats scolaires qui déjà très bons, avaient grimpé en flêche, et également pour mon refus de la nourriture. Je voulais afficher ma souffrance, prendre le rôle de martyre. Je refusais ce que le monde avait pour moi, et je voulais le crier haut et fort: "Regardez comme cette vie là ne me convient pas, regardez ce que ce monde fait de moi".

Avant d'être anorexique, je ressentais beaucoup de frustration quand je parlais aux gens qui m'entouraient. Je m'étais dit, avant d'entrer au lycée, que là au moins les élèves auraient quelque chose dans le caillou, qu'ils voudraient changer les choses, mais j'ai été bien déçue. Je faisais part de ma révolte et de mon insatisfaction aux gens autour de moi: je leur parlais des danger du capitalisme, de l'individualisme grandissant... mais il était clair que c'était  le moindre des soucis de tous mes interlocuteurs. Mes camarades de classe avaient d'autres sujets de conversation: vêtements à la mode, garçons... et je dois dire que ce ne sont pas des domaines dans lesquels j'excelle. Très vite mes camarades de classe ne m'ont plus consultée pour ce genre de problèmes, sans m'exclure de leur groupe pour autant, car j'étais "gentille". Les élèves m'insupportaient pour la plupart. Je les trouvais violents sans raison, je n'aimais pas leurs mesquineries, leurs attaques gratuites.

Chez moi ce n'était guère mieux. Un de mes frères me flanquait une baigne à chaque fois je faisais un commentaire dépréciatif sur son comportement (ce qui arrivait souvent), les repas se terminaient la plupart du temps en dispute générale, et avec les problèmes que ma famille rencontrait (cancer de ma mère, cancer, et décès de ma grand-mère, difficultés financières...), chacun était dans ses problèmes, il n'y avait que peu de communication. Je n'avais pas le comportement adapté pour gèrer les conflits, je manquais de recul, et j'étais trop impulsive. Alors ma présence n'arrangeait rien. Je ne me sentais à ma place ni à l'école, ni à la maison. J'avais l'imcouleuvre-9.JPGpression de n'avoir personne à qui parler.

Alors je cherchais un guide parmi mes professeurs. J'ai commençé à utiliser les cours et les copies pour exprimer mon point de vue. Seuls les professeurs parlaient des choses que j'avais envie d'entendre. Oh, comme j'aimais écrire des rédactions d'anglais! Je suivais une option d'anglais renforcé, la seule matière dans laquelle nous avions à exprimer notre point de vue dans les copies (sujets d'actualité, socièté...). J'avais plein de choses à dire, et c'est cela qui a développé mon envie de bosser au maximum l'anglais, histoire de pouvoir exprimer mes idées correctement. Et le fait d'attirer l'attention des professeurs à cause de ma maigreur m'a juste confortée dans mes comportements autodestructeurs.

Publié dans mon parcours

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R
je te souhaite beaucoup de courage dans ton combat contre cette saleté de maladie...tout mon espoir...........
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