Vers la reprise de poids
Plusieurs choses m'ont incitée à reprendre du poids alors que j'étais anorexique:
La pression de l'entourage
Les remarques quotidiennes de ma famille et de mes camarades devenaient insupportables. Je voulais qu'on me voit comme quelqu'un de fort, résultat on ne voyait en moi qu'une malade. J'avais l'impression d'être totalement incomprise, et constamment je ressentais un sentiment d'échec. Les regards de pitié de mes profs ou des inconnus, qui au départ me faisaient plaisir parce qu'ils confirmaient le fait que j'étais maigre, m'irritaient à présent. Et j'étais constamment sous surveillance. Un jour ma mère m'a prise dans ses bras et j'ai senti qu'elle me tâtait les côtes pour voir si j'avais encore maigri.
La culpabilité
Je m'en voulais constamment pour mes habitudes d'anorexique et cela pour plusieurs raisons. Tout d'abord je voyais bien que mon comportement rendait la vie chez moi beaucoup plus difficile. Les repas étaient des moments de grande tension. Ma mère pleurait souvent ou se fâchait de me voir refuser les plats qu'elle avait préparés en espérant qu'ils ne m'effraieraient pas.
Ensuite je ne me sentais pas bien avec moi-même car je commençais à avoir l'impression que je n'allais nulle part, que je n'accomplissais rien. Je pouvais bien blâmer les filles superficielles qui passent leurs journées en pensées et conversations futiles, qui font attention à leur ligne, à leur apparence, leurs fringues... Je me disais soudain qu'à ma manière j'avais un comportement comparable. C'était quoi cette manie de me peser plusieurs fois tous les jours, de me toucher les os pour vérifier qu'ils sont bien saillants? Dans un sens je me sentais comme toutes les filles auxquelles je ne voulais pas ressembler à la base. Ma vie était aussi limitée que la leur, mon cerveau égalemnt focalisé sur une futilité. Ceci n'est plus mon avis aujourd'hui cependant. Bien que l'anorexie limite beaucoup la pensée, les anorexiques ne sont pas responsables de cela, et ne doivent pas culpabiliser. Il s'agît d'une maladie, les pensées que la maladie vous pousse à avoir n'ont rien à voir avec de la superficialité.
Pression/dépression
A toujours craindre les repas, prévoir ce que l'on va manger, ce que l'on ne va pas manger, dissimuler, mentir, etc... j'étais dans un état de tension très intense. Il ne se passait pas une seconde où je ne pensais pas à la nourriture, à mon poids. Je calculais le nombre de calories de ce que j'avais mangé ou de ce que j'allais manger. Si j'avais mangé cent grammes de tomates, je me disais: maintenant j'ai 40 calories à brûler. Je pensais que tout ce que j'avalais devait être consummé par l'activité physique sinon quoi je grossirais indéniablement. Je me disais alors: 40 calories doivent pouvoir se brûler au bout de10 minutes de marche rapide mais bon, pour avoir de la marge, au cas où, comptons 30 minutes. Et au final j'allais marcher une heure, puis enrevenant chez moi, j'astiquais le sol de ma chambre à genoux, dans le but d'être sûre d'avoir utilisé toute l'énergie que j'avais absorbée. Toujours cette peur irraisonnée de grossir. Cela est exténuant, insupportable. Je croyais devenir folle. Au début, penser à tout ça me rassurait, j'étais sûre d'avoir le contrôle, et puis je maigrissais et c'était assez grisant. Mais quand par la suite je me suis aperçue que les idées s'imposaient à moi désormais, je me suis dit qu'il il y avait un problème. "Alors c'est ça ma vie maintenant? Voilà dans quoi je me suis fourrée. Voilà le schéma dans lequel je me suis enfermée!" On voit vite les limites de ce mode de pensée. Si je me levais le matin, c'était pour maigrir. Comme si c'était devenu une fin en soi. C'était mon seul et unique objectif dans la vie. Le reste n'avait plus aucune importance. Je délaissais mes proches. Auparavant j'aimais écouter, jouer de la musique, regarder un film, passer une bonne soirée avec mon frère, je parlais, je riais. Je n'avais plus envie de tout ça. Ce n'était qu'une perte de temps. Et puis quand on arrête de faire toutes les choses qui nous plaisaient, on se met à avoir un certain recul face à elles. Après tout, pourquoi est-ce que je faisais ça?
Avec un corps, un cerveau dénutri et un tel mode de pensée, j'a vite ressenti un grand mal-être, une grande angoisse et une grande solitude. Je me souviens qu'il m'est souvent arrivé de fondre en larmes en plein cours tellement je me sentais assaillie par les pensées nihilistes, et une profonde tristesse. On m'a mise sous anti-dépresseurs: le Deroxat. Et je crois que ce médicament a été déterminant dans l'apparition de ma boulimie, mais après tout je n'en suis pas sûre à cent pour cent.
Je voulais également travailler pendant l'été. J'avais l'habitude de cueillir les courgettes de juillet à Septembre. Le médecin a dit clairement que je ne pouvais pas compter travailler dans les champs avec un poids de 35kg. Pas que je me sentais pas capable, j'avais l'impression de pouvoir travailler sans problème (alors que j'étais dispensée de sport à cause d'un IMC trop bas). Mais je me suis rendu compte que ma mère ne me laisserait jamais le faire. Or j'avais besoin d'un peu d'argent car on ne roulait vraiment pas sur l'or chez moi. J'étais au pied du mur en quelque sorte. La prise du poids me semblait imminente.
Mais jamais, jamais, je ne me suis dit qu'il fallait que je guérisse pour moi. Je m'y suis sentie OBLIGEE. Et je crois que cela n'est pas bon du tout. C'est cela qui a fait que je suis devenue boulimique (bnv) par la suite. Je n'ai pas trouvé la force de me dire que je pouvais être bien. Je ne me suis pas dit "allez, c'est un nouveau départ" mais "voilà, les gens veulent que je grossisse, j'abandonne".
La pression de l'entourage
Les remarques quotidiennes de ma famille et de mes camarades devenaient insupportables. Je voulais qu'on me voit comme quelqu'un de fort, résultat on ne voyait en moi qu'une malade. J'avais l'impression d'être totalement incomprise, et constamment je ressentais un sentiment d'échec. Les regards de pitié de mes profs ou des inconnus, qui au départ me faisaient plaisir parce qu'ils confirmaient le fait que j'étais maigre, m'irritaient à présent. Et j'étais constamment sous surveillance. Un jour ma mère m'a prise dans ses bras et j'ai senti qu'elle me tâtait les côtes pour voir si j'avais encore maigri.
La culpabilité
Je m'en voulais constamment pour mes habitudes d'anorexique et cela pour plusieurs raisons. Tout d'abord je voyais bien que mon comportement rendait la vie chez moi beaucoup plus difficile. Les repas étaient des moments de grande tension. Ma mère pleurait souvent ou se fâchait de me voir refuser les plats qu'elle avait préparés en espérant qu'ils ne m'effraieraient pas.
Ensuite je ne me sentais pas bien avec moi-même car je commençais à avoir l'impression que je n'allais nulle part, que je n'accomplissais rien. Je pouvais bien blâmer les filles superficielles qui passent leurs journées en pensées et conversations futiles, qui font attention à leur ligne, à leur apparence, leurs fringues... Je me disais soudain qu'à ma manière j'avais un comportement comparable. C'était quoi cette manie de me peser plusieurs fois tous les jours, de me toucher les os pour vérifier qu'ils sont bien saillants? Dans un sens je me sentais comme toutes les filles auxquelles je ne voulais pas ressembler à la base. Ma vie était aussi limitée que la leur, mon cerveau égalemnt focalisé sur une futilité. Ceci n'est plus mon avis aujourd'hui cependant. Bien que l'anorexie limite beaucoup la pensée, les anorexiques ne sont pas responsables de cela, et ne doivent pas culpabiliser. Il s'agît d'une maladie, les pensées que la maladie vous pousse à avoir n'ont rien à voir avec de la superficialité.
Pression/dépression
A toujours craindre les repas, prévoir ce que l'on va manger, ce que l'on ne va pas manger, dissimuler, mentir, etc... j'étais dans un état de tension très intense. Il ne se passait pas une seconde où je ne pensais pas à la nourriture, à mon poids. Je calculais le nombre de calories de ce que j'avais mangé ou de ce que j'allais manger. Si j'avais mangé cent grammes de tomates, je me disais: maintenant j'ai 40 calories à brûler. Je pensais que tout ce que j'avalais devait être consummé par l'activité physique sinon quoi je grossirais indéniablement. Je me disais alors: 40 calories doivent pouvoir se brûler au bout de10 minutes de marche rapide mais bon, pour avoir de la marge, au cas où, comptons 30 minutes. Et au final j'allais marcher une heure, puis enrevenant chez moi, j'astiquais le sol de ma chambre à genoux, dans le but d'être sûre d'avoir utilisé toute l'énergie que j'avais absorbée. Toujours cette peur irraisonnée de grossir. Cela est exténuant, insupportable. Je croyais devenir folle. Au début, penser à tout ça me rassurait, j'étais sûre d'avoir le contrôle, et puis je maigrissais et c'était assez grisant. Mais quand par la suite je me suis aperçue que les idées s'imposaient à moi désormais, je me suis dit qu'il il y avait un problème. "Alors c'est ça ma vie maintenant? Voilà dans quoi je me suis fourrée. Voilà le schéma dans lequel je me suis enfermée!" On voit vite les limites de ce mode de pensée. Si je me levais le matin, c'était pour maigrir. Comme si c'était devenu une fin en soi. C'était mon seul et unique objectif dans la vie. Le reste n'avait plus aucune importance. Je délaissais mes proches. Auparavant j'aimais écouter, jouer de la musique, regarder un film, passer une bonne soirée avec mon frère, je parlais, je riais. Je n'avais plus envie de tout ça. Ce n'était qu'une perte de temps. Et puis quand on arrête de faire toutes les choses qui nous plaisaient, on se met à avoir un certain recul face à elles. Après tout, pourquoi est-ce que je faisais ça?
Avec un corps, un cerveau dénutri et un tel mode de pensée, j'a vite ressenti un grand mal-être, une grande angoisse et une grande solitude. Je me souviens qu'il m'est souvent arrivé de fondre en larmes en plein cours tellement je me sentais assaillie par les pensées nihilistes, et une profonde tristesse. On m'a mise sous anti-dépresseurs: le Deroxat. Et je crois que ce médicament a été déterminant dans l'apparition de ma boulimie, mais après tout je n'en suis pas sûre à cent pour cent.
Je voulais également travailler pendant l'été. J'avais l'habitude de cueillir les courgettes de juillet à Septembre. Le médecin a dit clairement que je ne pouvais pas compter travailler dans les champs avec un poids de 35kg. Pas que je me sentais pas capable, j'avais l'impression de pouvoir travailler sans problème (alors que j'étais dispensée de sport à cause d'un IMC trop bas). Mais je me suis rendu compte que ma mère ne me laisserait jamais le faire. Or j'avais besoin d'un peu d'argent car on ne roulait vraiment pas sur l'or chez moi. J'étais au pied du mur en quelque sorte. La prise du poids me semblait imminente.
Mais jamais, jamais, je ne me suis dit qu'il fallait que je guérisse pour moi. Je m'y suis sentie OBLIGEE. Et je crois que cela n'est pas bon du tout. C'est cela qui a fait que je suis devenue boulimique (bnv) par la suite. Je n'ai pas trouvé la force de me dire que je pouvais être bien. Je ne me suis pas dit "allez, c'est un nouveau départ" mais "voilà, les gens veulent que je grossisse, j'abandonne".